Table des matières
Partie 1. Sieger Köder : une découverte, une démarche
Partie 2. Le Chemin de croix, selon Sieger Köder
- Jésus est condamné à mort
- Jésus est chargé de sa croix
- Jésus tombe pour la première fois
- Jésus rencontre sa mère
- Simon de Cyrène aide Jésus à porter sa croix
- Véronique essuie le visage de Jésus
- Jésus tombe pour la deuxième fois
- Jésus rencontre les femmes de Jérusalem
- Jésus tombe pour la troisième fois
- Jésus est dépouillé de ses vêtements
- Jésus est cloué sur la croix
- Jésus meurt sur la croix
- a) Jésus est détaché de la croix…
b) … et son corps est rendu à sa mère - Le corps de Jésus est mis au tombeau
Le Chemin de croix, selon Sieger Köder
10. Jésus est dépouillé
de ses vêtements
Ils se partagent ses vêtements,
tirant au sort ce que chacun emporterait.
Mc 15, 24
« Selon la coutume romaine, les vêtements du condamné revenaient au peloton d’exécution. » (Petra Dierkes, Kreuzweig to go; traduction DeepL)
« Les soldats […] prirent ses vêtements et firent quatre parts, une part pour chaque soldat. (Jn 19, 23).
« Ils prirent aussi la tunique; mais la tunique était sans couture, tissée d’une seule pièce de haut en bas. Ils se dirent donc les uns aux autres : “Ne la déchirons pas, tirons plutôt au sort à qui elle ira.” C’était pour que s’accomplît l’Écriture : Ils se sont partagé mes habits, et mon vêtement, ils l’ont tiré au sort. Voilà donc ce que firent les soldats. » (Jn 19, 23-27, citant Ps 22, 19).
Source : https://www.alamyimages.fr/jesus-est-depouille-de-ses-vetements-10eme-stations-de-la-croix-par-sieger-koder-dans-l-eglise-saint-etienne-a-wasseralfingen-allemagne-image350594842.html
À la huitième station, Sieger Köder a remplacé les femmes de Jérusalem par quatre groupes de femmes du XXe siècle. Ici, à la dixième station, il remplace les soldats qui se partagent les vêtements de Jésus par quatre figures d’autorité masculine du XXe siècle : un pasteur, un pope, un évêque et un révolutionnaire athée. Tous impatients de s’emparer d’avantages temporels, semble-t-il, aucun ne lève le regard vers Jésus, livré au dénuement. Le regard du démuni nous appelle à l’action.
Le partage des vêtements de Jésus fait apparaître la croix par laquelle sa vie aussi sera donnée en partage.
Ouvrir l’image dans un nouvel onglet pour placer le commentaire en parallèle.
En le dépouillant de ses vêtements, les puissants font de Jésus un prêt-à-mourir.
Ce qu’on pourrait prendre ici pour la coiffe de Jésus annonce plutôt le pieu (vu du dessus) qui attend Jésus à la station suivante. Avant même de mourir, une aura se forme autour de ce pieu, instrument de sa mort, préfigurant l’auréole que les peintres réserveront au premier des martyrs.
Au lieu de représenter platement des soldats romains qui se partagent les vêtements de Jésus, Sieger Köder actualise la scène et les protagonistes (l’un d’eux porte des lunettes). Le dépouillement de Jésus est bien plus que vestimentaire. Il est testamentaire : une Église que les schismes ont divisée, et l’idée d’un partage fondé sur l’amour de Dieu et du prochain pervertie par le communisme athée.
Pour évoquer quatre des parts que les Hommes firent de l’enseignement de Jésus, Sieger Köder a choisi trois figures emblématiques et un drapeau :
- En bas à gauche, je pensais avoir reconnu le col à rabat double que portent les avocats sur leur toge, mais l’interprétation de Bianca Pohlmann me paraît plus pertinente : il s’agirait du col à rabats que des pasteurs de l’Église réformée (d’Allemagne, en l’occurrence) portent sur leur robe;
- Toujours à gauche, au second plan, le kamilavkion (couvre-chef cylindrique) et le phélonion (chasuble de brocart) désignent un pope (prêtre de l’Église orthodoxe);
- En bas à droite, on reconnaît la mitre d’un évêque et la mozette d’un cardinal (évêque et cardinal sont des dignitaires de l’Église catholique);
- Derrière, enfin, un bras anonyme brandit le drapeau rouge des révolutionnaires communistes, officiellement athées.
Que ces figures d’autorité morale soient uniquement religieuses et politiques — ou encore, comme je l’ai d’abord pensé, juridiques, religieuses et politiques —, elles s’entredéchirent l’héritage matériel de Jésus. L’attention des trois personnages se porte en effet sur le tissu; le cardinal va même plus loin : il a déjà roulé sa part d’héritage en ballot sur l’épaule (un détail qu’a remarqué Bianca Pohlmann)! Ignoré, Jésus se retrouve démuni sous nos yeux.
Un ami, Maxime Laterreur, a pensé que, dans l’hypothèse où le peintre a voulu représenter trois figures d’une chrétienté divisée, le drapeau pourrait signifier, par opposition, le signe de ralliement des communistes athées.
La nudité de Jésus — et son regard sincère — invitent le témoin à se dépouiller à son tour de ses obédiences temporelles. Signe de ce dépouillement, l’écartement des quatre parts dessine en noir la silhouette stylisée d’une croix.
Ne manquez pas la suite :
11. Jésus est cloué sur la croix
Texte : © André-Guy Robert, 2022
Tableaux : © Sieger Köder et ayants droit
Photos : © Sources respectives, Internet
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