CHIN, Unsuk [1961-]
- Su for sheng and orchestra [2009, 48 ans], avec Wu Wei au sheng et l’orchestre philharmonique de Séoul, dir. Myung Whun Chung, Deutsche Grammophon, 2014, 481 0971 [21 min 19 s]. Cette interprétation de Su for sheng n’est plus accessible sur YouTube.
- Substitut : Su for sheng and orchestra avec le même Wu Wei, cette fois-ci accompagné de l’Orchestre symphonique de Bamberg (Bamberg Symphony), dir. Jakub Hrůša.
On entre ici d’emblée dans un monde étrange, qui fait penser à l’extraterrestre Samarkand d’un H. P. Lovecraft : cohérent, prégnant, captivant, qui aspire tout l’être et serait bien capable de faire pousser des tentacules au visiteur imprudent. Si l’auditeur était encore en mesure de séparer son cerveau en deux pour lire un roman tout en écoutant cette musique, il en devient absolument incapable lorsque débute la cadence au sheng, qui va de 13:25 à 18:18 dans la version de Séoul. Durant ce morceau de bravoure, le prodigieux Wu Wei fait entendre un idiome instrumental inconnu et parfaitement incompréhensible à des oreilles d’Occidental sauf pour son accent d’authenticité stupéfiante. C’est véritablement « une rencontre du troisième type ».
2018-06-22
- Peter Paul Koprowski [1947-], la « Danza », troisième mouvement du Concerto pour accordéon et orchestre [1993, 46 ans], avec Joseph Petric à l’accordéon, dans Redemption : Concerti (Concerto pour flûte et orchestre, Concerto pour accordéon et orchestre, Concerto pour alto et orchestre), Toronto Symphony Orchestra, dir. Jukka-Pekka Saraste, Les disques SRC, 2001, SMCD 5206 [6 min 12 s].
- Sylvain Tesson, Petit traité sur l’immensité du monde, Éditions des Équateurs, coll. « Pocket » no 13179, 2005, 167 p.
Heureux le voyageur immobile qui n’a pas traversé comme Sylvain Tesson « une banlieue industrielle » de Samarkand (p. 84)!
Pour ne pas tomber « sur le pavé du réel », restons suspendus à notre rêve.
Pour cela, prolongeons notre bienheureuse ignorance en nous dirigeant vers les paysages inattendus du Concerto pour accordéon de Peter Paul Koprowski, compositeur canadien d’origine polonaise.
À seize ans de distance, on dirait bien que cet accordéon annonce et prédit le sheng d’Unsuk Chin. Ces deux concertos lancent entre l’Occident et l’Orient un grand arc transcontinental qui montre par la similarité d’un timbre celle de deux cultures qu’on croyait opposées.
Écoutez d’abord la « Danza » de Koprowski et puis la cadence d’Unsuk Chin, et dites-moi si vous n’êtes pas reparti pour Samarkand avec Lovecraft!
Est-ce la performance de Wu Wei, la sonorité de son instrument, les percussions, l’orchestre? Cette musique « vient me chercher » où que je sois et me transporte. Hypnotisé, je regarde fixement Wu Wei sur YouTube et, malgré le plan d’ensemble qui nous tient à distance, les larmes viennent; seul devant mon écran, je lutte contre de gros sanglots.
Ouf!
Je suis tout ruisselant. De simples sons, orchestrés, ont ce pouvoir sur moi. Mon cerveau étincelle. Cela vous arrive-t-il aussi?
Pour retrouver le calme, je propose d’écouter, en guise de fin de programme, l’andante du Concerto pour alto et orchestre de Peter Paul Koprowski, sur le même CD (Redemption). Je ne le trouve pas sur Internet. Il faudra aider le compositeur et les artistes en achetant le CD!
2021-02-18
© André-Guy Robert, 2018, 2021
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