Un jour, une vie

Le jour se lève, et nous sommes encore en train de dormir dans notre enfance. Le jour se lève pendant la formation de notre cerveau.

Quand la lumière irradie, déjà haute, le cerveau la perçoit enfin; il pense aussitôt qu’il a dû manquer quelque chose. C’est la découverte du paradis perdu, péché originel.

Midi sonne l’âge des travaux, le temps de se mesurer aux autres, de faire sa place. On ne voit pas le jour passer.

Déjà, les premiers signes de l’épuisement des lumières se manifestent. Les ombres s’allongent, l’hésitation monte, la rumeur obscure s’entend.

Un bref instant, on a le sentiment d’avoir compris en quoi consiste un jour, une vie. Le soleil rougeoie et disparaît. Alors surgit de partout l’attroupement des ténèbres, et l’oubli s’installe. Oubli des couleurs, anéantissement des vues. On retourne à l’inconscient d’où l’on croyait être sorti.

Quelqu’un d’autre, quelque part, naît; qui découvrira à quoi ressemble le monde, la vie. Qu’il en témoigne ou non, qu’il sème des traces de son passage ou non, la journée — une autre —, la sienne, montera dans sa conscience l’espace d’une vie, et s’en retournera, toute nue, sédimenter les annales de l’humanité.

 

2018-01-03

 

© André-Guy Robert, 2018
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