Coups de cœur musicaux

 


Cette section s’enrichira avec le temps…

Nouveaux articles : SCELSI et HOLST.


 

BACH, Johann Sebastian [1685-1750, 65 ans]

  • Aria Erbarme disch de la Matthaüs-Passion (« Passion selon saint Matthieu »), BWV 244 [1727-1744, 42-59 ans], par Andreas Scholl, alto, et le Collegium Vocale Gent, sous la direction de Philippe Herreweghe, Harmonia Mundi, 1998, coffret de 3 CD, HMC 901676.78. (On trouvera l’aria au numéro 39 de la Passion; dans la seconde partie, c’est le numéro 10; CD 2, plage 10). [6 min 37 s]

En musique, je considère Johann Sebastian Bach comme mon père et Dmitri Chostakovitch (voir cet article) comme mon frère. Bach est solide et équilibré, qualités que je lui envie! Son œuvre mérite d’être écoutée en entier plus d’une fois, et livret en main! Pour ma part, je l’ai écoutée deux fois, et je la parcours encore. Bach, c’est beaucoup plus que l’Air et que les concertos brandebourgeois. L’énorme corpus des cantates d’église, par exemple, réserve de magnifiques surprises aux oreilles curieuses et persévérantes.

Dans la production de Bach, qui s’est étalée sur cinquante ans et qui compte plus de mille opus, une œuvre se démarque vraiment pour moi : la Passion selon saint Matthieu. Et dans cette œuvre magistrale, l’aria Erbarme dish m’attendrit à tout coup. Comme Jésus le lui avait annoncé, Pierre vient de le renier par trois fois. Anéanti de chagrin, il se confesse à Dieu : « Aie pitié de moi, / Mon Dieu, au nom de mes larmes. » Pas besoin d’être croyant pour être ému.

2018-06-21


BRITTEN, Benjamin [1913-1976, 63 ans]

  • Young Apollo for piano, string quartet and string orchestra, op. 16 [1939, 26 ans], par I Musici de Montréal, Chandos. [8 min]

Cette œuvre brillante, interprétée une seule fois (en 1939) du vivant de Britten et que le compositeur avait fait disparaître de son catalogue, est réapparue pour notre bonheur après sa mort. Elle resplendit de l’énergie et de l’originalité moderniste de la jeunesse. Solaire.

2018-05-24


CHIN, Unsuk [1961]

  • Su for sheng and orchestra [2009, 48 ans], avec Wu Wei au sheng et l’orchestre philharmonique de Séoul, dir. Myung Whun Chung, Deutsche Grammophon, 2014, 481 0971 [21 min 19 s]

On entre ici d’emblée dans un monde étrange, qui fait penser à l’extraterrestre Samarkand d’un H. P. Lovecraft : cohérent, prégnant, captivant, qui aspire tout l’être et serait bien capable de faire pousser des tentacules au visiteur imprudent. Si l’auditeur était encore en mesure de séparer son cerveau en deux pour lire un roman tout en écoutant cette musique, il en devient absolument incapable lorsque débute la cadence au sheng, qui va de 13:25 à 18:18. Durant ce morceau de bravoure, le prodigieux Wu Wei fait entendre un idiome instrumental inconnu et parfaitement incompréhensible à des oreilles d’Occidental sauf pour son accent d’authenticité stupéfiante. C’est véritablement « une rencontre du troisième type ».

2018-06-22


CHOSTAKOVITCH, Dmitri Dmitrievitch [1906-1975, 69 ans]

  • Symphonie no 4 en ut mineur, op. 43 [1935-1936, 29-30 ans], par la Scottish National Orchestra, dir. Neeme Järvi, 1989, Chandos, CHAN 8640 [1 h]

Si J. S. Bach est comme un père pour moi (voir plus haut l’article je lui consacre), Dmitri Chostakovitch m’est un frère d’élection.

Compositeur aussi talentueux qu’audacieux, grand humaniste faisant preuve d’une conscience sociale aiguë, Chostakovitch s’est fait un nom dans les années 1920 avec des œuvres satiriques (Le nez), savamment orchestrées (Tahiti-Trott) et immensément populaires (Lady Macbeth du district de Mtsensk). Staline et Jdanov comprirent peut-être l’avantage stratégique qu’ils auraient à se servir de ce blanc-bec rassembleur de foules dont ils n’avaient pas aimé la « tragédie satirique ». On le brisa. Accusé de formalisme, on lui arracha une autocritique « justifiée », et puis, le maintenant sous la botte du Parti, on tenta de l’utiliser. Dès lors, « l’ennemi du peuple », qui ne renonçait pas pour autant aux valeurs de ses parents, allait ruser avec le pouvoir pour faire passer pour soviétique une musique en réalité russe (fidèle à Moussorgski) et dans laquelle le peuple reconnaissait parfaitement sa souffrance réprimée.

La Symphonie no 4 débute avec un aplomb qui effraie. Une grosse machine se met en branle. On est en URSS en 1936. Symphonie jugée « injouable » par les musiciens russes, les répétitions s’éternisent. Le bruit court que Chostakovitch a écrit une symphonie « diablement compliquée, bourrée de formalisme ». Survient un éditorial dévastateur (non signé) publié dans La Pravda du 6 février 1936 et qui stigmatise Lady Macbeth. Du coup, c’est Chostakovitch qui devient injouable. Rienzine, le directeur de la philharmonie, demande à Chostakovitch de renoncer de lui-même à l’exécution de son œuvre. La symphonie est retirée. Elle ne sera créée qu’en 1968 (32 ans plus tard!), soit 15 longues années après la mort de Staline.

À la première écoute, cette symphonie peut paraître confuse, bruyante, difficile à comprendre. Mais une chose passe : la colère. Une sainte colère derrière laquelle on sent l’indignation. Oreilles sensibles s’abstenir.

2018-06-22


DEBUSSY, Claude [1862-1918, 55 ans]

Ma mère pianiste lisait les chroniques de Claude Gingras dans La Presse. Peut-être a-t-il un jour parlé dans une de ses critiques de cette œuvre méconnue de Debussy, interprétée par Annie Challan. Quoi qu’il en soit, le microsillon est entré dans la maison, et ce fut pour moi le coup de foudre. Discours musical passionnant, savante alternance de subtilité et d’exaltation, idiome maîtrisé, élégance toute française, ce dix minutes de poésie pure me ravit encore aujourd’hui.

À partir de 1:23, je suis conquis. Le mystère Debussy est là. J’entre. À 2:49, une note déclenche le crescendo… À 4:34, j’anticipe l’arrivée de ce que j’aime… 4:50, mes bras se couvrent de chair de poule. À 5:04, j’anticipe de nouveau… 5:19, ah! oui, c’est ça, allez! 5:52, une vague… J’anticipe encore ce qui va suivre, je me tends… 6:12, je me laisse emporter. À 6:38, un autre plaisir, et presque aussitôt, le calme. La batterie se recharge. À 7:23, j’exulte, et puis à 7:41, nouveau plaisir. Ah, 8:08, subtil! Et 8:31, intense… 8:38, bien senti. J’anticipe… À 9:29, de nouveau la chair de poule, et à 9:50, la joie! allez (je dirige), c’est bien ça. D’un grand geste : tout l’orchestre! (Je sens venir la fin.) Quelques notes égrenées, suivies d’une note retardataire (subtil! du grand art), et vlan! c’est la fin : 10:18, deux notes à la harpe, suivies d’un accord de tout l’orchestre. Musclé. C’était la chute parfaite, comme on le souhaite en littérature pour une nouvelle. « Bien envoyé! » lance-t-on à Debussy, par-delà un siècle. On a le sourire franc et l’œil aiguisé de celui qui a joui.

2018-07-17


GRIEG, Edvard [1843-1907, 64 ans]

  • Concerto pour piano en la mineur, op. 16 [1868, 25 ans]

Ce concerto a été mon premier coup de cœur musical à vie. J’avais six ou sept ans. Mes grands-parents m’avaient amené voir un film en Cinérama, et le concerto de Grieg, selon mon souvenir, était la musique du film (je n’arrive pas à en trouver confirmation). C’est là aussi que j’ai eu mon coup de foudre pour le cinéma. « C’était incroyable, ai-je déclaré à mes parents après la séance : l’écran occupait tout mon champ de vision! » (J’exagérais un peu, à dessein, comme un voyageur enthousiaste revenu de loin.) Depuis ce choc historique, musique et cinéma ne sont plus jamais sortis de ma vie. Merci, grands-parents!

Dans le coffret de 12 CD consacré à la musique pour piano de Grieg (The Complete Music for Piano, BIS), on trouve deux des sept versions que le compositeur a consacrées à ce concerto, qu’il a retravaillé jusqu’à sa mort : la version d’origine [1868/1872, 25/29 ans], disque 11, plages 1-3, interprétée au piano par Love Derwinger, et la version finale [non datée dans le livret], disque 10, plages 1-3, interprétée au piano par Eva Knardahl. Ma préférence va aux premier et troisième mouvements de la version de la maturité (parfaitement maîtrisés) et au deuxième mouvement de la version d’origine (climat d’intériorité qui échappe au mielleux de la maturité).

2018-04-26

À partir du même coffret de 12 CD, j’ai tiré une anthologie personnelle de musique pour piano de Grieg dont je me régale. Exit les pièces mièvres et folkloriques. Il ne reste que du bonheur!

2018-07-11


GROFÉ, Ferde [1892-1972, 80 ans]

  • « Cloudburst » [de 25:45 à 35:36, en particulier de 29:03 à 33:17], cinquième et dernier mouvement de la Grand Canyon Suite [1929-1931, 37-39 ans], microsillon des années 1970.

Ce coup de cœur d’adolescence illustre l’état d’emportement et d’exaltation que je recherchais à cet âge pour me sentir vivant. Je comprends aujourd’hui les limites de la musique à programme : ce n’est souvent que paraphrase. Ici pourtant, je demeure sensible aux glissandos, aux roulements de tambour, à la présence du piano, et surtout à cette vague de fond, surprenante, qui vous soulève immensément haut avant de vous laisser tomber littéralement en plein vertige (31:21-31:32).

2018-06-20


HOLST, Gustav [1874-1934, 60 ans]

  • « Mars » [de 0:15 à 6:42], premier mouvement de The Planets, op. 32 [1914-1917, 22-25 ans], par le Boston Symphony Orchestra, dir. William Steinberg, Deutsche Grammophon, 1971 (463 627-2) [6 min 27 s]

À l’adolescence, « Mars » a été mon rock à moi. J’aimais particulièrement l’élan combatif, océanique, de cette irrésistible force motrice. J’imaginais des plans courts, saccadés, montrant d’immenses cavalcades, et je les entrecoupais de gros plans filmés au ralenti de la musculature luisante des chevaux lancés au galop. Et puis, sans transition, c’était, en haute mer, le soulèvement formidable de la surface de l’eau quand se forment des vagues géantes pareilles à des monstres de la préhistoire… et que tout l’horizon monte, monte et nous encercle… avant de s’effondrer dans un fa qui dure et dure pendant qu’on retient son souffle! Parfois, à l’heure du midi, quand je venais manger à la maison et que j’étais seul, j’écoutais « Mars » à fort volume, et puis je retournais à l’école, énergisé.

Mars a également inspiré John Coltrane [1926-1967, 41 ans]. La première plage de l’album posthume Interstellar Space, intitulée « Mars » [10 min 57 s; 1967, 41 ans], est une sorte de testament free jazz désespéré. Il faut être en bonne santé pour écouter jusqu’au bout la plainte bouleversante de cet être souffrant. À 8:09, le saxophoniste arrête de jouer, et le batteur Rashied Ali prend la relève jusqu’à la fin du morceau : 2 min 38 s, c’est-à-dire un cinquième de la durée de la pièce! Si le solo de batterie peut s’interpréter comme la réponse du batteur au solo du saxophoniste, il peut aussi s’interpréter comme le silence de Coltrane, un silence exténué, tragique. À comparer au silence du soliste dans le Concerto pour violon no 4 de Schnittke.

Le Concerto pour violon et orchestre no 4 [1984, 50 ans] d’Alfred Schnittke [1934-1998, 64 ans] est « une tentative de produire une tension mélodique d’un son à un autre et du son au silence ». Aux deuxième et quatrième mouvements, Schnittke a poussé l’audace jusqu’à imaginer une « cadenza visuale », c’est-à-dire que le soliste s’aventure « derrière le rideau hypnotisant de la musique » vers un « au-delà muet ». Sur scène, le violoniste cesse peu à peu de jouer… tout en faisant comme s’il jouait encore. Voir l’interprétation de Guidon Kremer au violon [11:22-12:01 et 31:39-32:16], qui respecte cette intention, laquelle, malheureusement, ne doit pas être facile à voir pour le spectateur du balcon. Les curieux pourront comparer le mime convaincu de Kremer avec l’étrange évitement de Vadim Gluzman [11:20-12:01 et 32:04-32:45]. Dans les deux cas, le monteur a montré son ignorance des « cadenza visuale » en nous les rendant quasi invisibles (Kremer) et tout à fait invisibles (Gluzman). Il aurait fallu au contraire que le silence du soliste évoque avec force le silence auquel on réduit les dissidents, et que son jeu contrefait rappelle la servilité à laquelle on les condamne.

Au disque, ces gestes de mime tournent au tragique : on entend le souffle de quelqu’un qui, semblant manquer d’air, tente désespérément de respirer [CD 2, plage 5, 5:09-5:38, et plage 7, 9:50-10:02]. On en a la chair de poule.

Voici la référence de cette version : Alfred Schnittke, Complete Violin Concertos (2 CD), par Guidon Kremer, au violon, et la Philharmonia Orchestra sous la direction de Christoph Eschenbach; Teldec, 3984-26866-2. On se demande si Schnittke n’aurait pas mieux fait de penser à des « cadenza vocale ».

2018-07-24


JENKINS, Karl [1944]

  • « And the Mother did weep » [2014, 70 ans], version pour chœur tirée du Stabat Mater [2008, 64 ans], dans Motets: Polyphony, dir. Stephen Layton, plage 14 [5 min 43 s]

Un petit miracle d’intériorité. Très priant. À écouter seul, couché, dans le noir, les écouteurs vissés sur les oreilles et les yeux fermés. On pourra comparer cette version a capella avec la version pour chœur et orchestre (« And the Mother did weep ») plus ample, mais par là moins intime.

Si la version avec orchestre m’a séduit immédiatement, mon attachement et ma tendresse vont de plus en plus à la version pour chœur. Je vis ici le même processus que dans ma relation avec les œuvres de Schumann et de Schubert. L’éblouissant Schumann se donne facilement et magnifiquement. Les flambées qu’il provoque en moi s’avèrent cependant de courte durée; arrivé aux cendres, je m’en lasse. Schubert se mérite. Il n’accordera la chaleur de son amitié qu’à celui qui entretient le feu pour les braises.

2018-06-28

  • L’« Agnus dei » de The Armed Man: A Mass For Peace [1999, 55 ans] par The National Youth Choir of Great Britain et The London Symphony Orchestra (CDVE 956 7243 8 11015 2 0), plage 10 [3 min 39 s]

Ex æquo avec la pièce précédente pour l’élévation spirituelle et émotive. Les choristes prient et chantent ici au nom de tous; ils jouent le rôle du chœur dans la tragédie grecque. Il fallait que cette messe dédiée à l’homme armé désarme quiconque en est touché.

2018-06-28


MICHÁNS, Carlos [1950]

  • Le troisième prélude [7 min] de Three Minimal Preludes (de 6:39 à 11:15), joué au piano par Jeroen van Veen. Version originale : Jeroen van Veen, Minimal Piano Collection, Brilliant Classics, 2006, Volumes I-IX (vol. IX, plage 3).

De la musique fébrile qui éveille et stimule le cerveau. On s’arrête, on lève les yeux, on écoute, on est pris. Excitant.

2018-06-19


PÉPIN, Clermont [1926-2006, 80 ans]

Un autre coup de cœur de mon adolescence. En particulier pour les premier et troisième mouvements : Toccata et Fugue.

La symphonie commence abruptement et dans une ambiance mécaniste. J’imaginais un lent travelling avant dans une usine où s’entrecroisent de larges courroies d’entraînement. La caméra passe entre des poulies, des engrenages et des tubes fumants, le tout en noir et blanc. À rapprocher de la Symphonie no 2, op. 40 [1924, 33 ans], de Prokofiev, futuriste, elle aussi.

Le rythme martelé reprend au troisième mouvement. De 2:35 à 0:58 avant la fin, l’auditeur a droit à un feu d’artifice aux percussions. Surprenant, jouissif et enlevant. À comparer à l’interlude aux percussions que nous offre Chostakovitch dans Le nez, op. 15 [1930, 24 ans], un morceau de bravoure (à entendre préférablement dans son exubérant contexte).

En écoutant cette symphonie à répétition (et en particulier le premier mouvement), je marchais de long en large dans le sous-sol de la maison familiale, l’esprit en alerte et les joues en feu, imaginant des scénarios.

2018-06-19


REICH, Steve [1936]

  • Tehillim (de 0 à 30:48) [1981, 45 ans], par Steve Reich and Musicians, dir. George Manahan, ECM New Series, 827 411-2 [29 min 52 s]

La première fois que j’ai entendu Tehillim, je suis resté interdit (debout puis assis sur le parquet) à côté de la table tournante à fixer la pointe de diamant suivre le sillon, comme si, par un effort d’attention, je pourrais me miniaturiser et évoluer moi-même au fond du canyon. J’étais captivé par les voix dansantes (entremêlées comme des langues de feu), surpris et ravi par les fréquents changements de rythme et de timbre, subjugué par cette façon toute nouvelle et néanmoins intelligible de composer de la musique.

Merci à François, de la librairie Bertrand (Place Ville-Marie, Montréal), qui m’avait appris l’existence de la musique minimaliste, et à Claude Gingras, critique à La Presse, qui m’avait enseigné le Centre du disque de Montréal, aujourd’hui disparu, où j’avais pu louer le disque.

Ne forgez pas votre jugement sur certaines interprétations de cette œuvre confuses (et ennuyeuses) qu’on trouve sur YouTube. Exigez une version « casher ». Celle de Steve Reich par Steve Reich.

2018-06-27

Karl Jenkins (voir l’article) a donné du même psaume 150 une vision radicalement différente (à grand déploiement) de celle de Steve Reich (mesurée, légère, aérée). On trouvera le « Tehillim » de Karl Jenkins au numéro 5 (« The Psalm: Tehillim » [0:20-4:15]) de son Gloria [2010, 66 ans]. Autre tempérament, autre musique. Enlevant.

2018-06-28


SCELSI, Giacinto [1905-1988, 83 ans]

  • Pfhat [1974, 69 ans] par l’Orchestre de la Radio-télévision de Cracovie et le chœur de la Philharmonie de Cracovie, dir. Jürg Wittenbach, Accord (464 239-2), 1988, 2002. [8 min 39 s]

Courte pièce en quatre parties : « Souffle », « L’éclat », « S’ouvrit », « Le ciel ».

Comparer le chœur et les pointes de cuivres de la troisième partie de Pfhat à ceux de l’impressionnante musique qui magnifie la découverte de la stèle par les primates et par les astronautes dans 2001: A Space Odyssey de Stanley Kubrick (musique tirée du Requiem [1963-1965, 40-42 ans] de György Ligeti [1923-2006, 83 ans]). Ligeti, précurseur de Scelsi? ou s’agit-il de deux démarches indépendantes qui convergent?

Revenons à Pfhat… La quatrième et dernière partie de cette œuvre intemporelle s’ouvre directement sur le sacré. Transcendant.

2018-07-20


TEN HOLT, Simeon [1923-2012, 89 ans]

  • Canto ostinato pour piano seul [1976-1979, 53-56 ans], par Jeroen van Veen, Brilliant Classics, 2013 (no 9434/1) [1 h 19 min]

Le pianiste Jeroen van Veen consacre sa carrière à la musique minimaliste. Grâce à lui, j’ai découvert Douwe Eisenga, Jurriaan Andriessen, Chiel Meijering et… Simeon ten Holt, entre autres compositeurs.

Le Canto ostinato de Simeon ten Holt m’a littéralement envoûté. Cette œuvre compte 106 sections qui durent chacune de quelques minutes à presque une demi-heure. Les interprètes peuvent jouer les sections de leur choix. Celles-ci s’enchaînent les unes aux autres sans silence et créent un climat. Jeroen van Veen a enregistré plusieurs versions de cette œuvre monumentale : de la version originale pour quatre pianos [2 CD], à la version pour piano seul [1 CD, 1 h 18 min], que je préfère, en passant par des versions pour deux, trois, quatre pianos (seuls et avec orgue ou marimbas), pour synthétiseurs, pour pianos préparés…

Dans la version pour deux pianos actuellement sur YouTube j’aime tout particulièrement les thèmes I et II, qui correspondent respectivement aux sections 74 [de 35:55 à 45:09] et 95 [de 1:09:41 à 1:19:14]. Dans ce vaste paysage hypnotique, ces thèmes jumeaux apportent une détente mélodique poignante.

2018-07-19


ZELENKA, Jan Dismas [1679-1745, 66 ans]

  • L’adagio du Miserere en do mineur (psaume 50) [1738, 59 ans], par Il fondamento, dir. Paul Dombrecht, Passacaille, 2000 (numéro 9528) [adagio : 2 min 18 s; Miserere : 14 min 49 s]

Quand j’ai fait jouer ce CD la première fois, je n’avais aucune attente particulière. Un miserere du XXVIIIe siècle comme un autre? Pas du tout! Ce serait mal connaître ce compositeur inventif et vigoureux. Dès l’attaque, l’effet de surprise a été saisissant. Du meilleur Zelenka, et dans une interprétation magnifique.

Pour aller plus loin, écoutez le Miserere en entier : Zelenka vous réserve une autre belle surprise vers la fin. Né six ans avant le grand Bach [1685-1750, 65 ans], ce compositeur a été son contemporain exact durant 60 ans. Deux génies qui forcent l’admiration.

2018-05-28

  • Le « deprecationem nostram » du Gloria de la Missa dei filii, ZWV 20 [1740, 61 ans], par le Kammerchor Stuttgart et le Tafelmusik Baroque Orchestra, dir. Frieder Bernius, Harmonia Mundi, 1990 (D-7800).
    Le « deprecationem » se trouve à la plage 5 [21:34-27:22] sous le titre « Qui tollis peccata mundi » [cliquer sur 17:32; durée : 9 min 52 s]; il est préférable de l’écouter dans le contexte du Gloria (plages 4 à 10) [cliquer sur 7:54; durée : 34 min 31 s].

Je vous invite à lire mon commentaire de trois pages dans le texte suivant, écrit en 1995 alors que j’étais encore tout remué par cette œuvre poignante : Zelenka : le « deprecationem nostram » (PDF).

2018-07-13

© André-Guy Robert, 2018
Toute reproduction sans l’autorisation préalable de l’auteur est interdite.
Demande d’autorisation : andreguyrobert@hotmail.com

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