Une découverte

ARNOLD, Malcolm [1921-2006, 84 ans]

  • Symphonie no 9, op. 128 [1986, 65 ans], BBC Philharmonic, Charles Groves, chef. Création professionnelle et publique enregistrée le 20 janvier 1992; précédée d’une introduction en anglais [50 min 34 s].
  • Symphonie no 7, op. 113 [1973, 52 ans], BBC Symphony Orchestra sous la baguette du compositeur. Création pour la radio enregistrée le 10 avril 1976 et diffusée le 16 mars 1977; précédée d’une introduction en anglais [52 min 16 s].

Je connaissais Edward Elgar, Ralph Vaughan Williams, William Walton, Arnold Bax, et je pensais que, sur le plan de la vivacité, on ne trouvait guère en Grande-Bretagne que Benjamin Britten. C’était ignorer un créateur de taille laissé dans l’ombre.

Je dois au savant journaliste musical Christophe Huss de m’avoir fait connaître Malcolm Arnold par un article paru dans Le Devoir du 6 novembre 2021 à l’occasion du centenaire de la naissance de ce compositeur britannique (« Malcolm Arnold, le danger d’être spirituel »). Quelle découverte! J’étais en retard de plusieurs décennies.

Malcolm Arnold, s’est beaucoup intéressé aux danses folkloriques (écossaises, irlandaises, galloises et des Cornouailles). Il savait aussi être facétieux. À preuve, la Comedy Overture de 1943 (22 ans) et surtout le Grand, Grand Festival Overture pour trois aspirateurs, une machine à cirer, quatre fusils et orchestre de 1956 (35 ans) qui fait penser aux bricolages des jeunes Chostakovitch, Antheil et autres Gershwin. À côté de ces coups d’éclat (ou devrais-je écrire « ces éclats de rire ») ce trompettiste devenu compositeur a mis son talent au service du cinéma, de la télévision, du ballet… Il a écrit une trentaine d’œuvres pour orchestre à vent, dix-sept concertos, un opéra et… tout comme un certain Beethoven, neuf symphonies! Comment ai-je pu faire — et la postérité avec moi! — pour ignorer ce corpus exubérant, et jusqu’au nom de son auteur?

« Malcolm Arnold, écrit Christophe Huss, était l’homme à tout faire de la musique britannique. » Ceci explique peut-être cela. Sur quoi j’observerai que le titre de Sir ne garantit pas la notoriété.

Dimitri Chostakovitch enviait ses élèves parce qu’ils allaient découvrir la littérature musicale qu’il connaissait déjà par cœur. Tout comme eux, je suis entré dans l’œuvre de Malcolm Arnold comme un enfant dans un magasin de jouets. Sa musique « est toujours une expérience tonique pour l’auditeur ». Tel est le verdict de Christopher Palmer, le célèbre musicologue anglais.

Je me suis immédiatement attaqué aux neuf symphonies de ce maître injustement négligé, toutes sur YouTube (et en coffret : NAXOS 8.506041), en commençant par la neuvième, histoire de sonder le type d’aboutissement auquel Malcolm Arnold était parvenu au terme de son cycle de réflexions pour grand orchestre, cycle qui s’est déployé sur 37 ans (1949-1986, 28-65 ans).

J’ai tout de suite été conquis par le mouvement lent de la Symphonie no 9 où les cordes basses (contrebasses, violoncelles) impriment à la texture sonore une gravité hypnotique. Ce quatrième mouvement, magistral, occupe à lui seul la moitié de l’œuvre.

Très différent, le premier mouvement [23 min 27 s] de la Symphonie no 7, mon préféré jusqu’ici, m’a fait découvrir un humour exquis — écouter cette marche criarde, au début, me fait irrésistiblement monter un sourire british —, en même temps que la vitalité d’un esprit original comparable à celui d’Igor Markevitch, le compositeur, pas le chef d’orchestre (1912-1983). À la réécoute de ce mouvement, on perçoit mieux en quoi cette musique n’est pas étrangère à de la musique de film (écouter), et pour cause : Malcolm Arnold avait, au moment de la composition, rien moins que 89 longs métrages au compteur (Wikipédia)!

Les curieux compareront avec profit le deuxième mouvement de la Symphonie no 7 d’Arnold avec Le cantique d’amour (1936) de Markevitch. Les quarante ans qui séparent les deux œuvres paraissent un clignement de paupières. Cette musique introvertie, contemplative, qu’on aurait pu noter Misterioso dans les deux cas, s’écoute les yeux fermés. Il est notable de constater qu’Arnold et Markevitch se ressemblent autant dans les mouvements lents que dans les mordants. Histoire de tempérament, je suppose. Pour ma part, j’embasse.

Merci, Christophe Huss, pour cette belle rencontre.

 

2021-11-10

 

© André-Guy Robert, 2021
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