Sur la musique de Blade Runner 2049, je vois apparaître un ostensoir couvert d’une antique poussière au-dessus de laquelle de fins fils luisants se tendent, immobiles, comme en attente d’un improbable insecte. Là-dessus, des rayons de lumière, très nets, très clairs, que matérialise le miroitement des particules.
Se rapprocher lentement de la custode vide. (Où trônait jadis l’hostie blanche et rayonnante — Corps-du-Christ — que les croyants à genoux adoraient depuis la pénombre de leur banc retiré.)
Cette lumière provenant du cosmos révèle peu à peu, par une sorte d’émanation de l’ostensoir, le lieu où nous sommes : un grenier, le grenier d’un presbytère désaffecté, oublié. On pense à l’usine, dans Blade Runner 2049 : un lieu abandonné, une époque surannée, une ère d’avant « les Conséquences ».
Avec une lenteur spectrale, l’estompe allonge le jour vers un meuble de sacristie. La douce lumière gagne peu à peu le contenu d’un tiroir plat, étonnamment large, resté ouvert depuis des lustres. On y voit, soigneusement étalées, des chasubles que l’âge et les fils d’or ont roidies.
Lent traveling avant, à ras de plancher, pour survoler des objets renversés, couverts d’un linceul de poussière.
Et toujours ces rayons traversant la poudre scintillante, la demi-pénombre mystérieuse et ce vague à l’âme persistant de mon enfance.
2017-12-15 et 2023-03-08
© André-Guy Robert, 2023
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