Littérature

Verhaeren
Portrait d’Émile Verhaeren (1855-1916), poète, par Théo Van Rysselberghe, mai 1915 (musée d’Orsay)

Je me suis toujours reconnu dans ce tableau représentant Verhaeren en train d’écrire. Au point que j’aurais aimé reconstituer la scène pour une photo de moi que j’aurais placée ici, en exergue.

Pas d’ordinateur. Pas de témoin. Que des livres, des feuillets, une plume, l’atmosphère d’une étude.

Deux mains, c’est tout ce qu’il a. L’une qui dessine avec soin des mots sur une feuille tandis que l’autre caresse les poils d’une moustache qui déborde d’intimité. Le poète en pleine confidence avec lui-même.

Dans une forêt de hampes et de jambages, il chemine avec précaution sur la feuille assombrie de signes crépus, écartant les branches d’un trait, enjambant les broussailles. Les sens en alerte, l’écrivain tente son chemin. Il écoute, il avance, il force un peu sa chance, à laquelle il obéit au doigt et à l’œil. À cette profondeur, on sent l’attention des présences furtives. Quelle vie peut bien évoluer ici, à l’abri du monde extérieur? Et si notre regard, soudain, rencontrait la face d’une bête immobile qui nous observait déjà?

Voilà donc l’idée fulgurante pour laquelle on était parti, l’esprit ouvert et les mains tendues. Si imprudemment tout seul.

Signature_AG

 

En savoir plus sur la section « Littérature » : Page Facebook

 

Textes publiés

Les carnets d’André-Guy